III - LES SYMPTÔMES HYSTÉRIQUES1- La conversion
Retrouver l'étiologie des symptômes est plus aisé depuis que l'on connaît plus précisément les mécanismes spécifiquement liés à l'hystérie de conversion. Ainsi, par un fait de résistance du moi, un refoulement défensif est il réalisé à l'encontre de représentations ou traces mnémoniques ; très liées aux caractéristiques du souvenir écran) initialement liées à un affect déplaisant. BREUER et FREUD sont à ce sujet très précis : "...c'est de réminiscences surtout que souffre l'hystérique" [Voir les Etudes sur l'hystérie, S. Freud, p.5]. Affects et représentations sont alors scindés en deux éléments distincts. La représentation sera dès lors détachée du sentiment dont elle est la source et ramenée au rang des éléments de l'inconscient alors que l'émoi valant pour surplus énergétique va se convertir en symptôme. Un saut du psychisme dans l'innervation somatique impliquant une correspondance entre la parole et le symptôme : Une parole restée toutefois ''acte inaccompli''. Par ailleurs, et pour ce qui concerne l'agencement des matériaux pathogènes dans le psychisme des hystériques, il s'avère, et S. FREUD insiste tout particulièrement à cet égard, qu'ils sont tous organisés suivant un ordre chronologique strictement inversé conformément à la réalité. De plus, le système associatif demeure très efficace, bien qu'il soit en partie inconscient. C'est la raison pour laquelle l'auteur trouve bon de préciser que de ce fait, le praticien est en droit d'exiger d'un sujet hystérique des associations logiques, ce qui est d'ailleurs concevable quel que soit le type de névrose traité. Il arrive que les chaînes associatives donnent l'impression d'être "disloquées", incohérentes, sans rapport entre elles, etc. Ce dont témoignent par exemple les accès confusionnels d'Emmy. Toutefois, S. FREUD pense qu'il n'est alors question que d'un leurre, vis à vis duquel l'individu se laisse lui-même duper. Une apparence qui s'explique simplement par "l'existence de motifs cachés inconscients." [Ibid. p.237]. Aussi, il est tout à fait remarquable que pour la majorité des cas, un traumatisme grave (premier) engendre plusieurs symptômes, autonomes ou non, accompagnés de plusieurs représentations traumatisantes partielles et d'associations d'idées pathogènes (aspect multidéterminé ou surdétermination d'un symptôme). Ainsi, les matériaux psychiques peuvent être comparés à un édifice à plusieurs dimensions qui comporte au moins un "noyau" [Ibid. p.233] pathogène essentiel et une région périphérique constituée d'une quantité de souvenirs secondaires avec une "SOMMAIRE "disposition chronologique linéaire" [Ibid.] pour chacun des thèmes abordés. L'ensemble est relié suivant un enchaînement logique allant de la périphérie jusqu'au centre, avec un cheminement pourvu de nombreuses ramifications laissant supposer un caractère dynamique venant s'ajouter aux caractéristiques morphologiques décrites précédemment. A noter également qu'il est tout a fait possible de trouver plusieurs noyaux pathogènes : chacun possédant sa propre étiologie tout en étant lié à un premier accès aigu. Force est de constater également une complète intégration du moi pour ce qui est des couches périphériques. L'intégration s'amenuise au fur et à mesure que l'on se rapproche du centre. Et, à la différence d'un corps étranger que l'on pourrait extraire, il serait plus exact de parler en terme d' "infiltrat" [Ibid. p.23] dont l'élément infiltrant serait la résistance (qui s'exprimera par exemple sous forme de dénégation). Il se produit aussi un phénomène de maximisation des affects (résistance en renfort) dès lors qu'un nouveau souvenir pathogène est abordé et ce jusqu'à ce que les thèmes relatifs au symptôme soient entièrement épuisés ; emportant avec eux la souffrance dont ils étaient témoins. Une somatisation particulièrement variée et fréquente dans les manifestations douloureuses d'Emmy, quand bien même l'émoi, originellement physique, demeure t'il le plus souvent dans le domaine psychique : un phénomène à comprendre comme le résultat d'un conversion incomplète qui se produit, de telle sorte qu' "au moins une partie des affects accompagnant le traumatisme persiste dans le conscient en tant qu'élément de l'état d'âme " [Ibid. p.67-68] : - Des modifications de l'humeur (angoisse et dépression mélancolique) - Phobies et aboulies (troubles de la volonté, difficultés de travail) - Des manifestation motrices également qui ne font que reproduire par un geste ou par une expression de visage ses manifestations émotionnelles (les doigt crispés, le visage révulsé, etc.) Un mal être traductible également en terme de délire ou d'hallucinations, dont il sera question plus avant. 2 - Les modifications de la personnalité et de la mémoire au cours du somnambulisme artificiel
A l' ''hystérie de conversion'', S. FREUD oppose l' ''hystérie hypnoïde'', proche des états crépusculaires oniroïdes relevés dans certains comportements hystériques. Il s'agit d'une forme névrotique pour laquelle il n'y a pas ou peu de résistance apparente et où il est plutôt question d'une quantité d'impressions à charges affectives emmagasinées à long terme. Un cas fréquent chez les sujets ayant exercé la fonction de garde malade, que l'on retrouve d'ailleurs dans le parcours d'Emmy (auprès de son frère surtout). Une modification de l'état de conscience qui par ailleurs semble nous faire signe pour témoigner de l'inconscient. En tant que tous les éléments mnésiques ne seraient pas directement accessibles au névrosé, alors qu'il peut exister des conditions psychologiques qui favorisent une plus large ouverture du champs de la conscience : Une dimension préalablement refoulée et placée sous surveillance et forces de résistance, à travers laquelle l'hypnose permet de se frayer un chemin plus facile à aborder. A l'avis des auteurs, " la dissociation du conscient, appelée ''double conscience'' dans les observations classiques, existe rudimentairement dans toutes les hystéries. La tendance à cette dissociation, et par là à l'apparition des états de conscience anormaux que nous rassemblons sous le nom d'états hypnoïdes, serait, dans cette névrose, un phénomène fondamentale ". Aussi, à propos d'Emmy, S. FREUD parle t'il de la présence d'un " conscient manifeste " et d'un " conscient latent ". Sachant que même en état de somnambulisme, elle ne disposait pas de tout l'ensemble de ses connaissances. |