IV - L'APPARITION FACILE DES DÉLIRES,
LES DÉLIRES PHOBIQUES,
LES MANIFESTATIONS ANGOISSÉES
ET DES HALLUCINATIONS AVEC UNE ACTIVITÉ MENTALE POURTANT INTACTE



Une névrose mixte à placer entre le délire hystérique et les accès d'angoisse plus spécifiques à la névrose phobique





                 La description clinique des symptômes de la patiente témoigne de la présence d'un mode inconscient de productions hallucinatoires à ranger dans le registre du délire hystérique. Des "immixtions" [Ibid, p.37, nbp], nous précise S. FREUD, qu'il n'étaient pas rare de constater parmi les troubles de comportement de Emmy, et qui s'inscrivaient par alternance avec un état normal conscient, "de la même façon qu'un tic qui vient s'insinuer dans un mouvement volontaire sans gêner celui-ci ni s'y mélanger" [Voir les Etudes sur l'hystérie, S. Freud, p.37, nbp].


Soit, un glissement qui facilement en vient à s'opérer depuis le champs symbolique jusqu'à l'axe d'un imaginaire débordant parfois peuplé de vermines, de crapauds ou autres rampants grouillants et envahisseurs. Ceci très probablement afin de contrer, sinon d'arrimer à quelque objet, une arrivée massive d'angoisse.
De l'angoisse initialement dénuée de tout objet et de ce fait, radicalement insupportable. Un affect qui, selon toute vraisemblance, tend à se manifester alors que ni le refoulement ni la conversion ne parviennent à se mettre en place de façon suffisante.


Aussi le délire n'est il construit qu'en vue de lier les résidus éparses d'une régression psychique rendue au lieu déserté d'une faille et d'un complexe.
Fréquemment provoqué chez Emmy à la suite de la résolution puissante de l'un de ses traumatisme ou bien encore du fait de l'insistance d'impressions pénibles actuelles telles que des crampes à la nuque par exemple, survenues lors d'une promenade avec son thérapeute.
Un délire plaquée sur une réalité existentielle en vue de compenser tant bien que mal un manque porté dès lors en absence et pour cette raison effroyable et redoutable ; en une situation qu'Emmy ne parvient à vivre autrement que de façon épouvantable ; aux abords trop sérieusement approchés d'un anéantissement subjectif, dont témoignent les accès de confusion mentale qui semblent parfois bel et bien l'engloutir sous une profusion délirante.
Des états aigus que S. FREUD compare à des accès de "confusions hallucinatoires" et qu'il explique notamment du fait de tendances ponctuelles à l'association mentale :
Un phénomène normal mais dès lors démesuré, compulsif, illogique et se rapprochant de l' "aliénation mentale ".
Pour expliquer sa formule protectrice par exemple, qui revoit le jour alors que l'angoisse tenaille et se propage (un procédé qui semble avoir une fonction défensive proche de celle du délire, quoique que peut-être un peu plus radical et venant compulsivement en ultime recours défendre un vécu dramatique), Emmy dit qu'elle l'utilise lorsqu'elle a des pensées angoissantes et qu'elle craint" d'en voir interrompre le cours, parce qu'alors tout s'embrouille et qu'elle se sent encore plus mal" [Ibid. p.42].

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Les symptômes de la névrose d'angoisse dérivent directement de l'énergie somatique et renvoient à l'état de détresse originelle du nourrisson.

Ils tiennent leur origine d'une quantité d'excitation détachée de sa source somatique, "un quantum d'angoisse librement flottant" et n'apparaissent, par une manifestation phobique que lorsque cet l'affect se déplace vers le monde extérieur, afin de s'attacher à un "contenu représentatif convenable."(FREUD, 1894, Ibid., p.319).

Ainsi, l'attente angoissée ; l'anxiété viscérale qu'un ascenseur ne cède ; l'expression de terreur à l'idée de se trouver face à ''quelque chose'' etc., qu'Emmy nommera puis épellera c-r-a-p-e-a-u-d, par exemple, à contre coeur, sollicitée par l'un de ses thérapeutes.

Toutefois, par eux mêmes, ces symptômes " n'ont aucun ''sens'', aucune signification psychique" (FREUD, 1916) et sont, pour cette raison notamment, à différencier de ceux consécutifs à la neurasthénie.

Aussi, le désir, et plus encore même, le manque, paraissent-ils alors faire défaut à la constitution subjective ; submergée.
C 'est en effet "dans le défaut de l'appui du manque et non pas dans le manque [du registre du symbolique] que surgit l'angoisse de castration" (G. TAILLANDIER) :
_ Lorsque le manque vient à manquer et que quelque chose en arrive à s'inscrire à sa place.
_ i'(a) au lieu de (- phy) ; pour reprendre la terminologie Lacanienne.
De l'angoisse ainsi que d'un "état d'affection" "que le moi provoque comme signal ", en "réaction au danger"nous précise S. FREUD.
A considérer d'une part, une angoisse névrotique liée à des motions pulsionnelles et, d'autre part, l'angoisse de réel, c'est à dire face à "un objet externe".
Toutes deux mises en oeuvre en vue d'éviter un déplaisir par des actions d'éconduction, motrices.

Un fonction préventive qui sera confirmée dans le discours de J. LACAN, bien que pour lui il ne soit absolument pas question de distinguer deux causes à l'angoisse :
L'angoisse selon lui s'opère dans la séparation et ne vaut à être ce qu'elle est que du fait justement qu'elle n'ait pas d'objet à son actif.

Aussi le délire viendrait-il justement en tant que structure (si bancale soit-elle ) arrimée de nouveau le sujet à la chaîne signifiante ; en vue d'une restauration de la forme individuelle par une accroche de l'angoisse à des marqueurs de sens.

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Aussi, et pour conclure cette partie sur des considérations de S. FREUD somme toute plus en phase avec la période du cas traité ; à propos de la névrose d'angoisse ; j'ajouterai que l'auteur tient ce complexe pour provenir originellement d' "une accumulation de tensions physiques", "d'origine sexuelle" ; au même titre d'ailleurs que les manifestations hystériques.






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