PRÉSENTATION THÉORIQUE DU CONTEI - Vision sur le site et description des différents personnages 1- Préambule D’un point de vue spatio-temporel, la Montagne Verte ne se situe que par delà un domaine aérien et reflète la notion temporelle d’un ailleurs sans réelle localisation, qui se propose en une scène hors du temps et de l’espace. "Il était une fois" nous propulse ainsi dans une dimension où le temps est incertain, au delà de la réalité et pouvant de ce fait, rappeler l’organisation achronologique de l’inconscient dont Jacques LACAN nous fait part. Le récit présente par conséquent une constitution narrative propice à l’émergence d’éléments voilés et pourtant des plus familiers. Le héros se meut dans un état de manque tel, qu’il est possible d’évoquer à cet endroit sinon la mélancolie, au moins un état de désespoir intense, propre à générer chez le héros un puissant désir de mort ; un profond désarroi le faisant se résoudre au suicide. L’objet perdu spécifique à la mélancolie serait ici représenté par le thème de la fortune dont le sujet se voit foncièrement privée, ce qui le situe par conséquent, dans une dynamique de l’avoir. Un avoir parvenu toutefois au stade de ‘’ne l’avoir pas’’ qui nous reporte à la dialectique du phallus [Une dialectique notée (-phi) par LACAN et spécifiée, du reste, dans les stades antérieurs du développement libidinal par l’absence-présence des objets partiels susceptibles de s’unifier en un entité que l’on pourra comprendre en la dénomination de l’objet ‘a’. ] en tant qu’objet manquant. Aussi le héros rencontre t’il le diable qui a contrario, est un personnage tout puissant pourvu de pouvoirs surnaturels : celui qui sait ; peut et possède le grand tout et qui de ce fait, est capable de venir miraculeusement combler le manque effectif du héros qui le paiera, en un second temps, par un manque peut-être plus symbolique cette fois : l’objet mis en scène étant dès lors représenté par la question existentielle ; son âme mis en enchère à l’instant de sa mort, de telle sorte qu’il me semble à propos de penser à cet endroit à une secondarisation, à une scène de l’après coup que l’on pourrait peut-être comparer à ce que LACAN évoque par l’idée de la refente subjective, à replacer aux abord du complexe de castration. Une expérience réactualisée en différents points charnières de la vie, et ce tout particulièrement lorsque l’adolescent qui se voit privé des illusions qu’il a jusqu’alors nourries au sujet de ses parents, s’aventure désormais à chercher ailleurs satisfaction. Il est notable à cet égard que des couples d’opposés se heurtent à partir de ce passage : le principe de vie avec celui de la mort, le naturel et le surnaturel, la thématique du maître et de l’esclave, etc., alors que l’on passe du registre du matérialisme à celui d’une raison d’être sans pareille qui reste à conquérir et n’est pas sans sous-tendre un certain paradoxe. La mort pourrait être considérée comme subjective : point de départ d’une nouvelle naissance prometteuse qui viendrait triompher de la castration. Le récit se situe dans l’au-delà, l’inconnu, ce que l’on ne sait pas. Un pacte hors la loi s’établit et lie deux hommes. L’un humain, jeune et dépourvu, sans autre dynamique que celle de venir rembourser sa dette ; l’autre malin, jouissant d’une omnipotence sans limite, ancré dans un besoin de possession et cependant... Père... Deux sorcières très âgées (600 et 12000 ans) témoignent d’une ancestralité riche de savoir et de sens qu’elles vont transmettre au héros par l’intermédiaire d’un tiers personnage : Aigle, qui orientera sa quête opposant le passé au présent, en un lieu de transmission. S’acquittant lui-même d’une dette, le médiateur Aigle ; ainsi qu’il pourrait en être d’un passeur, va amorcer le désir d’un héros passif en lui présentant, dans sa plus simple expression, celle qui l’aidera non seulement à s’affranchir d’une aliénation dévorante mais également à recouvrer une certaine dynamique de vie. 2- La rencontre avec la femme C’est sous la forme d’une condition, d’un échange que se lie le destin de la jeune fille et du jeune homme. Un pacte s’étaye sur la nudité de celle-ci qui par ailleurs, semble y trouver son compte puisqu’elle ira au delà de la demande du héros. Surprise dans sa nudité en tant que sujet, sexuée, différente de l’image, elle trouvera ainsi le moyen de sa propre émancipation. L’opposition masculin / féminin se fait en ce point du récit alors que la virilité est plutôt portée en échec, sinon pour être représentée par l’atout du magique dévolu au parti féminin. Et de voir un héros qui ne réagit plus d’abord que par l’instinct de sa conservation. Aussi la jeune fille fait-elle également figure de mère [A comprendre ici en tant que mère symbolique ; l’agent d’un objet réel et d’un manque imaginaire. Voir à cet égard le tableau représentatif du sens à accorder à la relation d’objet, élaboré par Jacques LACAN dans Le Séminaire IV (1956-1957), éd. Du Seuil, Paris VI, 1994, p.269.] pour le jeune homme : elle le nourrit, le défend, le conseil, l’informe, vient pallier à sa détresse au même titre que pour un nourrisson et lui propose, au fil du récit, de s’approprier son propre espace imaginaire , ses propres défenses, son propre désir. Susceptible par ailleurs de représenter l’autre de la parité, en un sexe opposé. Elle s’annonce en venant frapper à la fenêtre sous la forme d’un oiseau bienveillant et laisse entrevoir l’espoir d’une ouverture sur le monde, la différence, et plus tard, l’union. De par sa position, la jeune fille permet au héros l’articulation d’un échange avec le diable, lui évitant ainsi une rencontre qui sinon l’aurait foudroyé sans autre forme de procès et concoure, de ce fait, à l’élaboration d’un langage qui viendra le distancier d’un réel par trop meurtrier. La jeune héroïne est donc le médiateur entre ces deux hommes qui vont, au lieu d’une rivalité qui s’ancre dans le réel, organiser une articulation ouverte peu à peu sur le symbolique autant que sur l’imaginaire. Ceci se réalisera progressivement, le temps de trois drôles de nuits et de trois lourds travaux qui par ailleurs, se verront marqués par la rencontre singulière des deux héros. 3- Les séquences de la nuit Trois nuits ‘’extraordinaires’’ se succèdent de façon répétitive et viennent dans la confusion et dans l’ambivalence suggérer le terrifiant, l’angoisse, la peur, la violence, la sexualité, l’éveil des sens et une jouissance certaine qui sera cependant contenue par les propos de la jeune fée. Trois nuits ponctuées par le sommeil, qui pourraient imager la condition d’un passage, d’une transformation. L’accès donnant voie à la réalisation du désir, qui en vient à s’inscrire, dès lors, dans une temporalité nécessaire et déterminée. 4- Les trois travaux Il s’agit pour le jeune homme de réaliser tour à tour trois épreuves en vue de se libérer du joug qui le lie au destin du démon : - Couper de nombreuses stères de bois au moyen d’instruments défectueux - Repêcher un anneau ancestral incrusté d’un diamant, au plus profond de la mer ; un bijou familial ayant appartenu à la belle-mère du diable. - Et enfin accéder au diamant de l’épouse de l’ignoble malin. Une pierrerie magnifique perché au sommet d’un grand mât enduit de savon. A noter le choix des thèmes, nous pouvons faire l’hypothèse que le diable fait rejouer sa propre histoire au jeune homme, l’invitant, fort de sa perversité, à échouer à son tour au lieu même de ses déboires. Des déboires supposés auprès des femmes de son proche entourage ; parées selon toute apparence des plus bels avantages et pour cette raison peut-être, semblables aux objets des plus inaccessibles. Ainsi, et du fait du principe de réalité (une réalité impossible qui plus est), le jeune homme se voit impuissant et frustré de ne pouvoir s’acquitter de ces trois tâches, si ce n’est avec le concours magique de la jeune fille. Concours qui par ailleurs lui sera profitable puisqu’elle s’enrichit d’un héritage de l’ordre de la filiation féminine. Les travaux peuvent suggérer le social, le travail, la dette, le principe économique ainsi que celui de l’émancipation individuelle ; les crises et les conflits psychiques à résoudre. Seule la jeune fille douée d’une anticipation par rapport au temps, sous couvert d’une obéissance absolue à son père, est capable de se distancier de ce dernier, et de s’en jouer. Une problématique semble toutefois la lier tout particulièrement à sa mère, devant laquelle elle semble désarmée et montre le besoin d’en passer par une figure extra familiale afin d’être en mesure de s’extirper d’une situation jusqu’alors aliénante ; s’appropriant par la même son histoire. On voit en effet de quelle façon elle doit payer de son propre corps pour pouvoir conquérir le diamant de sa mère ; renforçant par ce même acte le lien qui l’unit à son futur époux. L’orteil manquant témoigne de l’union des deux héros. Il leur permettra de se retrouver et ce, quelques soient les occurrences. Aussi est-il possible de soupçonner à cet endroit l’émergence d’un désir ; celui là même qui, directement lié à une symbolisation de la différence des sexes (la castration), ne revêt sa nature qu’au regard de la castration de la mère. Un désir qui plus tard demandera reconnaissance. En outre, c’est également en ce point du récit que le héros devient l’acteur de sa propre libération ; l’ossature de la jeune fille comme d’une structure cruciale leur permettant un nouveau dépassement alors que l’homme est au plus bas du désespoir et du désoeuvrement. Au terme des travaux, l’homme est libéré de son assujettissement et se voit accorder le droit d’épouser la fille du diable. Il passe d’un être passif et peu rusé à la place d’un sujet actif désirant et porté par l’élan du sentiment de l’amour. Parallèlement, le diable, a priori hors la loi et possessif, se montre dès lors sous une tout autre nature, il respecte le pacte et concède au mariage de sa fille. 5 - Le départ, la fuite et les transformations Le thème du leurre, de l’apparence , de la culture du semblant, apparaissent très nettement dans cette séquence : un passage qui nous renvoie à la problématique du miroir ; stade particulièrement détaillé par Jacques LACAN qui témoigne notamment des illusions d’optique propre au reflet, son image et, la jubilation d’un être quant à s’y reconnaître. Le héros se distancie à présent de l’autre réel et, ayant de ce fait accédé à une autre représentation du langage, il peut dès lors duper ses adversaires. Dans le choix des thèmes de transformation, la jeune femme utilise les oppositions et notamment l’église face au diable. Il s’agit de transformations très symboliques qui viennent former un tout, une scène au milieu de nulle part. La jument blanche depuis ses métamorphoses se charge de faire le lien et tient une place centrale entre les deux personnages. Les scènes, très connotées sexuellement, dévoilent une activité sublimée dans le travail et la spiritualité. Aussi peut-on voir à nouveau resurgir la problématique mère / fille. Une relation difficile qui nécessite, en vue de son dépassement, une rupture des plus radicales. Cette séparation finale vient faire barrage mais plus encore scission entre la mère et sa fille ; par l’établissement d’une infranchissable montagne laissant d’une part le diabolique et d’autre part l’investissement bienheureux d’une terre promise en l’union d’un mariage. Le bien triomphe le mal et le clivage topologique permet aux époux de vivre dans une harmonie savamment conquise et prometteuse, qui se défend de l’affrontement et des fureurs passées par le biais d’un rempart qu’il me semble à propos de comparer à la barre inconsciente que l’on a coutume de placer au lieu du refoulement. A reprendre les termes Winnicottiens, la montagne pourrait être l’expression d’une dissociation qui viendrait marquer la fantasmatisation d’inaccessibilité. D.W. WINNICOT distingue en effet le fantasme du rêve, reliant ce dernier au jeu créatif (comparable au conte) et à la vie. [Donald Woods WINNICOT, Jeu et réalité ; l’espace potentiel, éd. Gallimard, 1971 (1975, traduction française)] Le héros est progressivement plus à même de maîtriser son existence ; un dénouement qui semble indiquer , si l’on en croit Bruno BETTELHEIM, que l’on peut sans dommage se laisser emporter par l’imaginaire, à condition toutefois, de ne pas en rester éternellement prisonnier. [Bruno BETTELHEIM, Psychanalyse des contes de fées, éd. Robert LAFFONT, 1976, p. 102.] Ainsi se devine une évolution dont on peut suivre le parcours au travers des différentes filiations. Par l’appropriation notamment des atouts maternels ; alors que le jeune homme s’enquière du rôle paternel en un sens symbolique et se défait dès lors des retombées funestes de son pacte satanique et d’un double tranchant terrifiant. II - Différentes dimensions 1 - L’imaginaire Ce cheminement a permis de mettre à jour différentes oppositions essentielles dont certaines renvoient notamment à la dimension imaginaire du conte. A citer par exemple les couples d’opposés suivants :
2 - Le réel La répétition relative notamment au réel, à la jouissance, est très marquée dans l’ensemble de cette narration : les trois nuits / les trois travaux / les trois métamorphoses. J. HOCHMAN souligne « le rôle essentiel de la répétition et plus particulièrement du triplement, dans la création d’une atmosphère oniroïde dans laquelle se déroule un échange particulier » qu’il compare à la relation hypnotique. [ R. KAES, J. PERROT, J. HOCHMAN, C. GUERIN, J. MERY, F. REUMAUX, ‘’Raconte moi encore une histoire’’, Contes et divans, Dunod, 1984, p59.] Le chiffre trois nous suggérant par ailleurs la triade mère / enfant puis l’accès au social. 3 - Le symbolique La dimension symbolique du conte se devine au travers une structure qu’il est possible de schématiser en suivant le mode structural élaboré par W. PROPP [Wladimir PROPP, Morphologie du conte (1928), Le Seuil, Paris, 1970.] et ainsi déterminer l’articulation évolutive du récit : -----> I - le manque (la fortune puis l’âme, mises en objets perdus) II - la tromperie, le pacte avec le diable III - les trois épreuves IV - la violence ; les trois nuits IV - la liquidation de la violence par la magie de la jeune fille III - la liquidation des épreuves grâce au support de la magie féminine II - la liquidation de la tromperie du fait de la cessation du pacte -----> I - la liquidation du manque par le fait du mariage ; l’homme recouvre son âme III - La subjectivité au regard de l’objet ‘’a’’ ou la thématique du fantasme Dans Totem et tabou (1925), S. FREUD nous fait part de l’étendue du « chemin qui conduit des fantasmes du névrosé individuel aux créations fantasmatiques des masses et des peuples, telles qu’elles s’offrent à nous dans les mythes, les légendes et les contes » [S. FREUD, Totem et tabou (1912), Petite bibliothèque Payot, Paris, 1971.] Des scénari fantasmatiques reviennent en effet typiquement et, en l’occurrence, le roman familial au travers celui de la filiation ainsi que les théories sexuelles infantiles telles que les fantasmes originaires. De nature toutefois spécifiquement singulière, le fantasme correspond à un monde chimérique. Il est une production purement imaginaire qui s’oppose au principe de réalité au profit d’une satisfaction obtenue grâce au concours de l’illusion et réunit les trois dimensions précitées, à savoir l’imaginaire, le symbolique et le réel. N’étant non pas l’objet du désir, « il (le fantasme est scène) est scène » , nous précisent J. LAPLANCHE & J.B. PONTALIS. [J. LAPLANCHE & J.B. PONTALIS, Fantasme originaire, fantasmes des origines, origines du fantasme, éd. Hachette, 1985, p.96.] A l’instar du fantasme, le conte offre un espace dans lequel les permutations de rôles, d’attributions, sont disponibles ; telle une mise en scène du désir où l’interdit est présent et participe de la remise en jeu des opérations défensives les plus archaïques (renversement dans le contraire, projection, dénégation...). IV - Une visée existentielle, créative, libératrice et édifiante Aussi, le conte est-il souvent porteur de problématiques existentielles suscitant l’intérêt et ce, quelque soit son origine. Principe de plaisir et principe de réalité se rejoignent dans l’espace de la Montagne Verte grâce à la mise en scène d’une famille et d’un tiers étranger que l’on peut considérer dans cette logique rigoureuse mais pouvant tout aussi bien être le lieu d’une expérience au travers de laquelle, les impressions des sens sont transformées en éléments susceptibles d’être ensuite utilisés comme éléments d’une pensée individuelle. Un processus faisant appel au mécanisme d’identification projective proposé par M. KLEIN [Concept d’identification projective concernant les mécanismes de projection réalisés dans l’objet afin d’en assurer la maîtrise et la proximité rassurante, et non pas sur l’objet, tel qu’il est plus exactement question pour la projection classique utilisée par exemple chez le paranoïaque. Ce concept fut introduit en 1946 et constitue selon l’auteur l’une des modalités de la projection. Une différenciation qui introduit la notion de contenance ou non par l’individu, dans sa détermination projective et, qui renvoie au processus binaire (position dépressive / position paranoïde schizoïde), à mettre en relation avec l’une des défaillance du registre de la psychose pour laquelle le signifiant fait défaut. L’une des illustrations de la nature clinique de l’identification projective se trouve dans un article de 1955 : ‘’à propos de l’identification’’, dans lequel M. KLEIN commente le roman de Julien Green : un Faust moderne, Fabien, qui signe un pacte avec le diable afin de pouvoir prendre l’identité des personnages dont il veut vivre la vie. Ainsi devient-il un autre à l’infini.] Mécanisme d'identification projective à partir duquel Wilfried BION élabore les concepts de contenant - contenu - fonction alpha, élément bêta et élément alpha, qui participent de la transformation de processus psychiques destructeurs en fonction constructive. [Wilfried BION, Aux sources de l’expérience (1962), Paris, P.U.F., 1979.] Un phénomène qui, selon R. KAES, sollicite des capacités de ‘’conteneur’’ (reçoit - garde - transforme) endopsychique ou non. « Ce concept a l’avantage de considérer simultanément l’existence d’une capacité d’accueil (de l’angoisse) et celle d’une capacité transformatrice (de l’angoisse en sens) » . [Ch. GUERIN & R. KAES, ‘’Une fonction du conte : un conteneur potentiel’’, Contes et divans, Op.Cit., p83.] Aussi le conte peut-il permettre à l’enfant de mettre de l’ordre dans le cahot de son esprit. Il lui offre la possibilité d’entendre parfois le négatif de son fantasme (le meurtre du père suggéré par exemple dans le déroulement de l’histoire qui nous intéresse) ; ceci relativement aux problématiques régissant la psyché de l’enfant à qui s’adresse le conte. Le côté diabolique du père peut être la conséquence d’une sexualité non maîtrisée et conduisant notre héros à des situations impossibles. Une mise en échec qui pourra pourquoi pas être retenue tout aussi bien que le parcours structurant du jeune héritier. Le conte semble par ailleurs, mettre à jour une chaîne signifiante structurée capable de proposer un éventuel arrimage à une angoisse qui autrement pourrait être dans un état de libre cours et de ce fait par trop submergeante . [Confère à ce propos le séminaire de Jacques LACAN sur L’angoisse, Séminaire (1962-1975), Livre X, T.2, Paris, Librairie T.Garnier, S.d. - dans lequel il est notamment relevé le caractère autonome de l’angoisse par rapport à quelque objet qu’il soit.] Il est également envisageable de poser une correspondance entre les éléments du conte et les éléments de la psyché : le récit comme d’un témoin des différentes instances psychiques (la jeune fille au lieu du moi, le diable à celui des pulsions et du surmoi, etc.) ; une illustration des complexes (et notamment le schéma oedipien s’inspirant du démon pour le père castrateur). Très en lien également avec l’imaginaire ; alors que l’on peut voir, au fil des aventures héroïques de la Montagne Verte, une progression très nette du complexe de castration (introducteur, menaçant, énigmatique, libérateur), ainsi que l’émergence du désir de plusieurs des personnages principaux du récit fantastique. V - Hypothèse Au regard de cette approche, nous pourrions voir se dessiner un lien entre l’espace du conte, l’espace psychique, et celui de la psychanalyse ; en tant qu’il se rejouerait en ces lieux, non seulement les éléments d’un vécu archaïque, mais également des extraits fantasmatiques inconscients issus des tracés du désir. Nous pourrions à présent tenter d’observer et de relever ce qui dans l’expérience de la narration et de l’écoute d’un conte choisi, peut venir se signifier. |