" Regard sur la psychologie du conte.
Etude expérimentale d'un conte pour enfant"








METHODOLOGIE




La passation consiste en une lecture du conte suivie d'un entretien constitué de questions relatives au contenu de la narration et surtout au ressenti engendré par la situation.

S'en suivra une proposition quant à la réalisation d'illustrations sur le thème du conte ; après avoir constaté que les mots étaient parfois difficiles pour Louis et que certaines questions avaient pu le déstabiliser quelque peu.



I - Anamnèse de l'enfant


Louis est né le 17 août 1986. Il est le dernier d'une fratrie de 4 enfants : un garçon de 14 ans, un garçon de 16 ans, une fille de 18 ans.

Ses parents sont divorcés depuis 3 ans et une lourde mésentente règne entre les parents qui ne peuvent plus communiquer entre eux.
La fratrie est divisée à la demande des enfants depuis quelques mois : les 3 aînés ont opté de vivre avec leur père et sont facilement en conflit avec leur mère alors que Louis est le seul a habiter chez sa mère et son beau-père.
Il ne voit et ne veux pas voir son père depuis un an et recommence depuis peu à revoir son frère de 14 ans chez sa grand-mère maternelle.

Louis suit une scolarité normale bien qu'il présente toutefois une difficulté à se concentrer et à faire régulièrement son travail scolaire.
Il s'investit par ailleurs dans des pratiques sportives telles que le basket et désire faire profession de professeur de sport.

La situation familiale est difficilement exprimée.

En outre, il est notable qu'il n'a que rarement eu à faire avec le genre de littérature ''merveilleuse'' dans le courant de sa petite enfance, pour préférence accordée à des textes moins fantastiques.
Le merveilleux n'est donc pas pour lui (sinon au travers des dessins animés), un élément habituellement abordé.

Cependant, depuis quelques temps, Louis s'oriente spontanément en direction de textes plus fantastiques qu'il n'était tenté de le faire auparavant (''L'oeil du loup'' par exemple, de Daniel PENNAC), pour préférer toutefois le registre des bandes dessinées. Des personnages tels que ''Le marsupilami'', ''Spirou'' ou ''Tintin'', qu'il apprécie tout particulièrement



II - Le choix du conte


Ma décision s'est effectuée après de nombreuses lectures, pour avoir été attentive notamment aux affects susceptibles d'être mobilisés, et ce tout particulièrement par rapport à la place du père et, plus largement, aux différentes places que pouvait emprunter le père dans ce récit.

Le relationnel liant entre eux les différents personnages m'a semblé spécialement riche, alors qu'il est susceptible de refléter aussi bien une réalité subjective, que de susciter des éléments imaginaires et ce notamment, si l'on considère la situation en tant qu'elle évolue dans l'au-delà.

A noter également la progression des personnages ainsi que les thèmes ou formules parfois percutantes, en laissant toutefois une large place au suggéré, au sous-jacent, sans illustration plus précise de certains éléments.

Enfin, son aspect plaisant et ludique a également contribué à orienter mon choix, alors que je restais également vigilante à la personnalité de Louis tout autant qu'à son âge.



III - La passation

Dans le souci d'offrir un espace et un temps repérable, un rendez-vous fut pris au préalable.

Louis accueille le projet avec joie ; il aurait toutefois préféré une histoire plus réaliste qu'un conte ne semble lui paraître.

La passation s'effectue dans une pièce spacieuse et close où s'installent, selon leur préférence, trois personnes :

- Louis, sur une petite chaise en face de moi.

- Un second écoutant-observateur adulte prendra des notes, à demi face à nous, penché sur un bureau.

- La lectrice que je fus, assise à même le sol.

La lecture et son commentaire dureront 1 h ¼ ; s'en suivra le temps de l'illustration qui n'a pas été relevé.

En ce qui concerne cette dernière séquence, Louis avait à sa disposition plusieurs feuilles blanches de même format, ainsi que des crayons de nature différente (pastels, crayons gras, crayons à papier, feutres).
La consigne étant de réaliser un ou plusieurs dessins, en s'inspirant du conte et selon ses envies personnelles.

Louis a été attentif et très à l'écoute, aussi bien lors de la lecture que pendant l'entretien durant lequel il a tenté d'être précis.
Quelques moments d'indécision voire même de déstabilisation l'on conduit à manipuler des objets se situant dans son entourage, sans qu'il n'ait besoin toutefois de se lever ou de sortir de la pièce.

Aussi, bien que le climat puisse être qualifié de confiant, Louis n'a pu se libérer d'une certaine tension de répression qu'aux abords de la séance de dessin qui lui fut d'ailleurs proposée à cet effet.

Le choix d'inviter une tiers personne s'est vu concrétisé en référence aux expériences de Pierre LAFFORGUE qui, au regard de son expérience réalisée au sein de l'hôpital de jour ''La pomme bleue'', précise que " le rôle focalisateur et rassemblant de l'observateur s'ajoute à la fonction ''conteneur'' du conte [Pierre LAFFORGUE, Petit poucet deviendra grand, éd. Mollat, 1995, p.59.]



IV - La lecture du conte


Cependant attachée à garder une certaine neutralité lors de la lecture du conte, des intonations voire des scansions, relevées par l'observateur, furent posées plus ou moins consciemment de ma part, et ce notamment aux points me paraissant clefs dans la progression du récit, mais également au regard des résonances intimes que peut me suggérer le texte.

Aussi, il est possible de qualifier cette expérience en terme d'échange non seulement d'éléments objectifs du texte, mais également intersubjectifs : ainsi que d'une ''interfantasmatisation'', où viendraient se mêler notamment les projections de chacun des protagonistes ; méritant de ce fait une analyse plus approfondie, et ce d'autant plus si un emploi thérapeutique du conte était envisagé.

Par ailleurs, une certaine gêne se fit sentir en début de lecture, par peur surtout de ma part, que le récit ne soit perçu, à l'âge de Louis, comme ennuyeux et dépassé. Une sensation qui fut cependant vite régulée, ce qui me permis dès lors, de me détacher du texte et de m'adresser plus directement à mon auditeur, au travers du regard.