La clinique de l'urgence

- approche théorique -






1 - Situation d'urgence


- Médicalement et du point de vue de l'Encyclopédie Universalis ; est urgente " une situation exigeant une décision thérapeutique immédiate ".

- Administrativement, l'état d'urgence à fait l'objet de la loi du 3 avril 1955, et " tend à permettre de faire face à des situations qui, sans justifier la déclaration de l'état de siège, rendent nécessaire l'accroissement des pouvoirs de l'exécutif.(...) ; la loi instituant l'état d'urgence peut conférer, par une disposition express, des pouvoirs de perquisition, de contrôle de la presse ", ... mais cela n'a rien à voir avec l'urgence médicale.


- Sigmund FREUD pour sa part aborde le problème en terme de situation de ''détresse'' notamment (la racine latine nous amène alors au sens de l''étroitesse'', d''étreindre'') ; à comprendre ici d'un point de vue psychologique plus particulièrement, bien qu'elle s'enracine, somme toute en un processus physiologique. De ce fait, que la détresse, réelle, ne s'en réfère à rien, à l'imaginaire ou bien plutôt au registre du symbolisme, elle renvoie en premier lieu à l'état du nourrisson qui, entièrement dépendant d'autrui quant à la satisfaction de ses besoins, s'avère impuissant à accomplir l'action spécifique propre à mettre fin à la tension interne (par opposition à une assimilation du ''bon objet'', stabilisante, dont fait état la clinicienne Mélanie KLEIN).


Aussi, pour l'adulte, l'état de détresse serait le prototype de la situation traumatique génératrice d'angoisse (du latin angustia, qui signifie resserrement) :


- Dans la lignée de la conception Lacanienne, J. DOR témoigne à ce propos d'  " un dispositif de défense mobilisé devant l'imminence d'un danger psychique dont l'afflux d'excitation pourrait déborder l'économie du sujet. Cet afflux d'excitation qui trouve son origine dans l'inscription antérieure d'une situation d'angoisse doit pouvoir trouver un seuil ''d'alarme'' suffisant pour alerter les défenses du sujet. " [Joel DOR, Introduction à la lecture de Lacan : l'inconscient structuré comme un langage, Tome 1, p 80].


- FREUD reconnaît aux " dangers internes " un caractère commun : une perte ou séparation qui entraînerait une augmentation progressive de la tension, au point qu'à la limite le sujet se voit incapable de maîtriser les excitations et est débordé par elles. Et, c'est ce qui définit l'état générateur d'angoisse.

Pour poursuivre dans se sens et aux dires de FREUD toujours, il serait question " d'un état d'affection " " que le moi provoque comme signal ", en " réaction au danger ", depuis la considération d'une part de l'angoisse névrotique liée à des motions pulsionnelles et d'autre part de l'angoisse de réel c'est à dire face à " un objet externe " effectif ; toutes deux mises en oeuvre en vue d'éviter un déplaisir par des actions d'éconduction, motrices [S. FREUD, Inhibition, symptôme et angoisse, (1926), p 54. ; p 62. & p 80].


Des comportements de fuite, regards fuyants voire même affolés ou littéralement éclatés ; des discours hachés, incohérents, décousus, de type logorrhéique ou encore impossibles ... en signes premiers d'un état de dispersion que le moi par souci d'auto-conservation va tenter de contrecarrer en une action spécifique plus ou moins adaptée visant à mettre fin à l'excitation (comportements d'évitement, agressivité ...qui peut être retournée contre soi, violences, passages à l'acte..., malgré soi, incontrôlable, ou bien encore, comme si une certaine puissance, autre, sur nous, avait pouvoir d'agir à notre place..., " plus fort que moi ").


" La réalité française, qui saute aux yeux de quiconque se préoccupe un tant soit peu de sécurité civile " précise le lieutenant colonel Daniel ORY, affiche une activité opérationnelle des sapeurs -pompiers de 70 % orientée vers le secours à personnes. Des " victimes de malaises brutaux, depuis l'évanouissement sans séquelles jusqu'à la détresse vitale " ; " cabossés de la vie ", " à l'heure des mauvais coups du sort et des dérives liées à la misère sociale, à l'exclusion, à la perte des repères ... Au total, plus d'un million de personne qui , chaque année, sont projetées dans ces sales situations où se mêlent l'effroi, l'angoisse, la douleur, et même d'emblée, trop souvent, les ''clignotants d'alerte'' de la mort apparente. " [Lieutenant-colonel Daniel ORY, (Président de la Fédération Nationale des S-P de France), revue Le Sapeur -Pompier, Supplément au N°895 Septembre 1998, p.1.].


Une constatation que l'on peut vérifier au jour le jour, au regard d'un traitement de l'alerte, caractérisé majoritairement par de fréquents départs concernant les ''ambulances'' du service des sapeur : ''Véhicules de Secours aux Asphyxiés et Blessés'' affectés aux soins et transports urgents de personnes estimées en danger.


Estimation d'un rapport anticipé à la mort et ce pour fonction du vital qu'il serait utile d'appréhendé plus avant et ce notamment dans les liens constitutifs de l'être humain voyant s'intriquer en lui, et avant tout pour lui, des pulsions de vie (éros) avec des pulsions de mort (thanatos), en une certaine articulation relationnelle.


Alors que la traduction dans l'agir comme ultime recours, est parfois le seul moyen d'expression de sujets en état d'urgence, ...et ce jusqu'au passage à l'acte suicidaire ou encore jusqu'au crime.


Toujours est il qu'une fonction préventive, celle de l'angoisse, devrait normalement faire parade à l'extrême.

L'angoisse en tant que telle serait " toujours angoisse devant quelque chose " : " devant un danger connu " si elle retourne du réel et " devant un danger que nous ne connaissons pas " pour ce qui concerne l'angoisse névrotique. L'une et l'autre pouvant toutefois se trouver mêlées " dans la mesure où cette revendication pulsionnelle est quelque chose de réel " ; ce qui semble t'il se rapprocherait le plus de la conception de LACAN pour qui, et ici à l'encontre de FREUD, ci dessus cité, il n'est absolument pas question de distinguer deux causes à l'angoisse, bien qu'il reconnaisse le rôle préventif accordé par son prédécesseur [S.FREUD, Inhibition, symptôme et angoisse, p 77-78. & p 80].

La situation de danger se définirait dans " l'estimation de notre force comparée à la grandeur de celui-ci, l'aveu de notre désaide face à lui. " : impuissant, face à ...''quelque Chose''.. [Ibid., p 78].



2 - Lorsque le sensible et le vital tendent à se confondre


A reprendre une enquête réalisée par la DRASS de la région PACA, le niveau de l'urgence des patients a été dressé de la façon suivante :

" - urgences vraies : elles mettent en jeu le processus vital ou fonctionnel


- urgences ressenties : ce sont des états morbides susceptibles par leur intensité ou leur soudaineté d'apparaître en tant qu'états d'urgences pour une personne ou un entourage non qualifié. " [Extrait du Rapport sur la médicalisation des urgences, par le Pr. A. Steg, Oct. 1993, p 10.]


A cet égard, et pour l'année 98 : ont été comptabilisées, au centre de secours de Cholet, 30 fausses alertes et 421 sorties sans intervention. " Ce chiffre est important et montre l'état d'esprit actuel et le manque de discernement des appelants. L'appel à nos services a un coût qui est supporté par l'ensemble des contribuables. " [Le commandant Serge MASSON (chef de corps du C.S.P. de Cholet), extrait du périodique Le Courrier de l'ouest du lundi 30 Novembre 1998, p.5.
]


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