La retranscription de l'enregistré audio qui va suivre est prévue depuis une journée entre trois personnes d'une parenté assez proche et dont l'aînée (Carole) tient plus particulièrement le rôle de l'interviewer. Le thème n'a été dévoilé aux deux autres personnes que quelques secondes avant la passation. L'objectif est d'une part de tenter de disserter avec un langage et une réflexion assez soutenue et adaptée à la situation, étant donné que la bande son doit par la suite servir à la composition d'un cours sur la pratique de l'entretien réservé à des élèves sapeurs-pompiers. Et d'autre part, de parvenir à réaliser une prestation d'un quart d'heure afin de pouvoir par la suite y revenir et avoir un esprit critique sur son déroulement, la gestion du temps ainsi que les différents comportements.
" Nous sommes à trois personnes pour réaliser un entretien d' ¼ d'heure :
C : ''Carole'', qui vous parle actuellement, à l'origine et au déroulement de la séance, CL : ''Claire" (17 ans) P.A : Et ''Pierre-Alain'', le frère de Claire, 15 ans. C : C'est parti pour le sujet sur les pompiers. Essayez de vous organiser pour ... Cl : parler (elle coupe la parole) C : (sourire) ... pour parler, mais sans vous couper trop la parole (Claire sourit, un peu gênée) : Quelle image avez-vous des pompiers ? (regarde Claire premièrement, puis Pierre-Alain, et reviens sur Claire) Cl : ''L'image'' que j'ai des pompiers ... C'est courageux déjà. Courageux, volontaire. Parce qu'il faut être volontaire pour être pompier et il faut avoir du courage. Parce que pour aller sauver des vies ... Enfin moi, je me vois mal ... (elle ne trouve pas ses mots) ..., p..... de trou ! (met sa main devant sa bouche ... ; sourires) C : Tu te vois mal ... Cl : C'est pas que je me vois mal pompier. Parce que ça ne me dérangerais pas d'aider les gens ; au contraire d'ailleurs. Mais c'est le métier qu'ils font qui est assez dur. Il y a des accidents plus durs que d'autres. Et l'image que j'ai des pompiers et bien moi, je trouve que c'est des gens hyper courageux et hyper volontaires. Hyper ... C : Volontaire, c'est à dire ? Cl : Ils sont volontaires quoi : pour aller sauver des vies. (Léger silence) C : Il faut oser ? ... et arriver à le faire, à y aller ? Cl : Oui C : Il y aurait un appel et on te dit : " vas-y, maintenant " ... ? Cl : faut être prêt psychologiquement. C : et si c'est juste pour aller voir, aller avec eux ... ? Cl : Pour voir, oui ça d'accord. Mais le faire ... !? (silence) C : Pierre-Alain ? P.A : Moi, l'image que j'ai des pompiers, c'est des personnes courageuses donc. Et ils ont une image de sauveurs de vies un peu. Ils sont superman même. Parce qu'ils sauvent des vies au dépend de la leur. Je trouve qu'il faut un bon capital physique pour exercer ce métier. Et aussi moral. Parce qu'ils font des sorties. C'est très dur moralement et physiquement. Et puis...,Voilà. : C'est des sauveurs de vies. C : ils ne font pas que sauver des vies. P.A : Aider les personnes. Aide aux personnes en danger. Cl : Oui, c'est un métier difficile. C : quand tu parles de héros, est-ce que tu peux préciser le fait du héros ? P.A : Non ; je dis ça comme ça. Pour faire une comparaison un peu. Mais ils sauvent des vies quoi ; c'est pour ça. Cl : Oui, quand on attrape un accident. Imaginez. Imagine la fille ... (elle hésite, elle rit) P.A : Dès qu'il y a un bip, ils sautent direct. Ils sautent sur l'occasion. Cl : Non mais..., comme dans les B.D. ou les films d'amour (elle rit) : " Oh mon héros...; il m'a sauvé la vie " (elle rit) ; c'est ça. C : C'est valorisant ? P.A : Oui Cl : Oui, c'est valorisant. Ça doit être quand même dur pour eux. Il faut quand même être présent. Il faut de la présence. Faut être à 100 % dedans. Eux en fait, leur vie, c'est leur métier. Ils y sont pratiquement tout le temps. Ils vivent à la caserne. Ils sont 24h sur 24 à l'intérieur de la caserne. Ils sont toujours présents. Quand il y a un bip ou une sonnerie, ils sont là. C : Et qu'est ce que tu crois qu'ils font à la caserne quand il n'y a pas d'appel ? (à Claire, qui tarde un peu à répondre; ils prennent finalement la parole en même temps) P.A : Ils font des cours. Ils s'occupent de la mécanique. Cl : Ils ne s'ennuient pas. Cl : A mon avis ils ne s'ennuient pas. P.A : Ils s'occupent des travaux, des tâches que leurs supérieurs leur donnent. Cl : Ils font du sport. P.A : Oui, ils font du sport, des cours. Des cours parce qu'il y a certains produits chimiques qu'ils ne connaissent pas. Il y a certains trucs qu'ils n'ont pas vu. Cl : Des cours de secourisme. P.A : Autrement, ils révisent le matériel. Ils mettent à jour leur matériel et tout. Puis..., voilà. C : Toi Pierre-Alain, tu as fais un stage de quelques jours là-bas. Qu'est ce que tu en as retenu ? ...en plus que ce que tu viens de dire là, parce que c'est aussi en rapport à ce que tu as vu là-bas ... P.A : Oui. Et bien j'en ai retenu que les pompiers, même quand ils n'étaient pas en train de sauver des vies, ils étaient quand même occupés à quelque chose. : des tâches que leurs supérieurs leur donnent ... . Et aussi, ils font du sport ; ils font des cours de soutien au niveau des nouveaux produits chimiques. C : Tu as assisté aux cours ? P.A : Oui C : A un cours de produits chimiques ? P.A : Oui C : Tu arrivais à suivre ? P.A : Oui. Parce qu'ils ont un cours qui est bien. C : Est-ce que tu serais intéressé par ce métier ? P.A : Oui parce que j'aime bien les métiers auxquels on inclut des trucs physiques dedans. Tout ce qui est gendarmes, militaires et puis ...pompiers. C : Le sport t'intéresserait surtout ; mais autrement : les pompiers ? P.A : C'est valorisant. C'est respecté aussi. C : Respecté par beaucoup de gens. Il y a une grande estime de la part de beaucoup de gens. P.A : Ils ne sont pas là pour faire chier le monde comme les keufs. Cl : Les keufs, ils ne font pas forcément chier les gens. P.A : Si C : Les... (hésitation quant au choix de la dénomination) flics, c'est pour la loi, le règlement... ; tandis que là, c'est plus pour aider les gens. P.A et Cl : Oui P.A : Pour faire du bien aussi. C : La devise des pompiers c'est " sauver ou périr " Cl : Hm (un peu impressionnée) C : Après, la fonction première ça va être " la protection des personnes et des biens " ça n'est pas les mêmes rôles. Par contre, il y a la hiérarchie aussi. (à Pierre-Alain) : Comment tu vois la hiérarchie toi ? Est-ce que tu crois que chez les pompiers c'est pareil que dans le système de la gendarmerie ou... P.A : La hiérarchie..., je ne sais pas. C'est à dire ? ... " Toi, comment tu vois la hiérarchie ? " C : Toi ; une position dans ce milieu là ? P.A : De toute façon, dans ce genre de truc, il vaut mieux être le plus haut placé. C'est net. Y'a pas photo. C : " Y'a pas photo " hm Si justement. P.A : ça dépend. Bien sûr, si tu es dans l'administration ou de ceux qui sortent. C : tu penses que ceux qui sont haut placés ne sortent pas ? P.A : Non, pas ceux qui sont dans les bureaux. C : ça leur arrive de sortir, si P.A : Oui bien sûr, quand il y a une grande..., une grosse sortie quoi. Mais autrement, c'est ceux qui sont ... les ... les petits quoi. Cl : Les sapeurs-pompiers P.A : Oui, les sapeurs-pompiers. Après, les autres aux bureaux ... C : Les autres sont aussi sapeurs-pompiers. P.A : Oui mais ils sont plus haut, donc ils envoient ... C : Après, ils n'ont pas la même fonction. Cl : Ils sont sapeurs-pompiers, adjudant-chef, sergent ... C : Mais ils sont tous pompiers. Cl : Oui oui C : Après, il y a des grades. Ce qui fait que ... P.A : Qui font qu'on envoie plus les sapeurs-pompiers au boulot que les autres. C : Oui. Les autres vont être plus là pour superviser, diriger, décider. P.A : Ils vont être sollicités lors d'une ''grande''(insiste sur le terme) sortie ; quand il y a un grand incendie puis un manque de personnel. Quand par exemple il y a un grand incendie, ils font appel aux supérieurs s'il n'y a pas assez de monde sur le terrain. Puis ils appellent aussi les autres casernes des villages, villes ... (cherche un mot) C : alentours ? P.A : alentours, oui C : Et toi Claire, qu'est ce que ça te dirait d'être chez les pompiers ? Le fait d'être une fille en plus ... . Comment ... ? Parce que c'est généralement un milieu d'hommes. Cl : " généralement ", " généralement " C : Oui, beaucoup plus. Mais, il y a du changement d'ailleurs. Cl : Oui, il y a des filles qui peuvent être pompiers. J'en connais pas mais ...(sourires), mais, je sais qu'il y en a ; je sais qu'il y en a. Pompier, j'aimerais bien pour ... C : A Cholet, il n'y en a pas dans les professionnels. P.A : Voilà. C : Il n'y en a que dans les volontaires. Et dans les élèves que que j'ai, il y en a trois. (Silence que je choisis de faire durer un petit peu plus que les autres) Cl : Trois filles. C : Oui Cl : Sur combien de garçons ? C : Trois sur quinze en tout ; quand même. Mais c'est plus que... Cl : la moyenne. C : Oui, plus que la moyenne. Cl : Et bien moi être pompiers, j'aimerais bien mais pour les sorties. Pour aller aider les gens. Mais après, être dans les bureaux des pompiers : non. Si j'étais pompier, ce serait sapeur-pompier. Et volontaire ; pas engagée. C : Est-ce que vous pensez que les volontaires sont payés ? P.A et Cl : Non C : Ils sont payés Cl : Ah bon P.A : Voilà. Ils sont payés alors. (sourires) C : Au début je ne croyais pas non plus. Cl : Je croyais que c'était bénévole moi. Je croyais que c'était considéré comme du bénévolat. C : Oui mais ils ne sont payés qu'un petit peu. Pour compenser le déplacement disons. Cl : Oui. C : Mais c'est peu et c'est du bénévolat. Ça arrive aussi lorsque tu fais des cours, des suivis ... tu es payé mais tu fais du bénévolat. Pour compenser le déplacement. Cl : C'est plus ... aide humanitaire. Il faut en avoir la volonté. C : Oui et de toute manière c'est du volontariat avant tout. Cl : Oui, c'est du volontariat ; mais il faut le faire quoi. P.A : je pense que les filles doivent avoir une bonne santé. Cl : ça dépend de leur capital physique. Si elles ont une bonne santé, si elles ont un bon physique... P.A : Un bon physique (il rigole puis se met à tousser). Cl : Non mais un bon physique ... Je veux dire qu'elles savent courir quoi (...) Qu'elles aient des ..., euh..., comment on dit ... du physique ? C : Des capacités ? Cl : Voilà. Des capacités physiques. Je cherchais le mot. C : Qu'elles soient efficaces sur le terrain. Qu'elles puisent répondre physiquement à ce qui est demandé à faire. Cl : Elles n'ont peut-être pas la même capacité physique que les hommes, pour certains trucs. Mais, il y en a d'autres qu'elles peuvent aussi bien faire que les hommes. Et ce qui est du point de vue moral aussi. Pour aller aider les gens. Parce qu'il n'y a pas que le physique pour être pompier. C'est moral. Il faut parler aux gens. Il faut savoir leur dire que ... C : Plus adaptées au relationnel. Plus humaines, de façon générale. Plus douces quoi, dans la relation avec les gens. Cl : Oui. Mais ça ne veut pas dire qu'elles ne peuvent pas être pompier non plus. C : Puis le fait d'être avec une majorité d'hommes ? Cl : Et bien, le fait d'être avec les hommes, ça aide ... Une caserne que de filles ... ce ne serait pas ... (elle sourit) Je ne dis pas que ça ne serait pas bien mais ... ce n'est pas génial génial. C : le fait de mélanger des hommes et des femmes, tu trouves que c'est plus positif que de mettre que des hommes ou que des femmes ? Cl : C'est claire C : Dans le sens où ...? Cl : Et bien, " dans le sens ", " dans le sens " ... . Pour s'aider quoi. Quand il y a des cours, cours de sport ... . Et bien les gars ils peuvent aider les filles. Les cours de secourisme ... ; c'est de l'aide. C'est de l'aide en fait. C : C'est plus facile quand c'est mixte. Cl : Voilà. P.A : Je pense aussi que ça pourrait créer des troubles dans les troupes que de mélanger les gars et les filles. C : Aussi P.A. : Oui. Donc c'est peut-être une installation à double tranchant en fait. Ça dépend des gens mais ... Cl : C'est à eux de faire ... de faire Ils sont au travail ! " De mélanger des filles et des gars "... (elle reprend cette phrase d'un air critique) : Dans une équipe, ... une équipe dans une entreprise, tu as des gars et des filles, pareil. C'est pas pour ça que tu auras des troubles. P.A : C'est pas pareil aussi parce que ... (en même temps) C : Quel genre de troubles ? Cl : Et bien, il peut y avoir..., du style ...des... des... P.A : Des querelles ... Cl : Des querelles de ... de cul. P.A: Oui, des trucs comme ça. Cl : Des trucs comme ça, oui, mais c'est à eux ... Ils savent qu'ils sont dans le cadre du travail ; qu'ils n'ont pas à faire ça, donc ... P.A : C'est facile à dire aussi. Cl : " C'est facile à dire ".... Non mais dans toutes les entreprises ça se passe comme ça. Il n'y a pas des entreprises que de gars ou de filles. P.A : Mais c'est pas pareil ici. C'est pas le même métier que dans une entreprise. Dans un bureau, c'est pas pareil. La voix off affectée au minuteur : " Fini " (le quart d'heure se termine) C : On peut continuer un petit peu. Pourquoi ce n'est pas pareil dans une entreprise que chez les pompiers ? C'est une entreprise aussi les pompiers. Cl : Moi j'ai dit que c'était pareil. C'est Pierre-Alain qui dit que ce n'est pas pareil. P.A : C'est pas le même boulot. Cl : C'est pas le même contexte. C'est pas le même contexte... et encore ... P.A : Non c'est pas le même contexte. Cl : Que tu soit dans un bureau ou dans une salle de sport, il y aura des troubles pareils. C : L'important chez les pompiers ; ce qui revient souvent, c'est le fait qu'il faut que les équipes soient soudées. Et, le fait qu'il y ait des femmes dans les équipes, est-ce que vous croyez que ça aide ou au contraire. P.A : A mon avis, du point de vue relationnel elles vont être plus ... Cl : Quand il y aura un problème. Quand les gars auront un problème entre eux, elles seront plutôt là pour aller leur dire : " c'est bon quoi, arrêtez vos conneries. On est là pour bosser, pas pour aller s'engueuler sur des conneries. " P.A : Ou même, pour leur remonter le moral. Généralement les filles c'est bien pour nous remonter le moral. C : ça permettait peut-être d'assouplir une ambiance qui commencerait à monter plus facilement entre hommes. P.A et CL : Oui. (Silence) C : On arrête là pour cet entretien ? P.A et Cl : Oui. |