CONCLUSION
" La lecture faite en commun d'une oeuvre littéraire place ceux qui la font
en position d'héritiers ; ils peuvent s'y reconnaître comme descendants d'une même filiation, appartenant à une même espèce, issus en quelque sorte d'un même père symbolique. " ''l'enfant poison'', Janine Mery. Comment prétendre réaliser une analyse standard d'un texte universel ? Ce qui peut-être évoqué par le texte est étroitement lié à la problématique actuelle du sujet, et ne peut donc être perçu que de manières différentes. A l'écoute de Louis, nous ne disposons que d'un bref schéma associatif, auquel il manque de nombreux éléments susceptibles de nous éclairer véritablement sur ses investissements, ainsi que sur le principal de sa personnalité. De plus, hors d'un contexte thérapeutique adéquat, nous sommes privés d'un précieux matériel ; à savoir, des forces transférentielles propices à orienter d'éventuelles associations que peuvent évoquer les éléments du récits. Une investigation qui s'inscrirait, il est vrai, dans une autre perspective, sollicitant d'autres compétences, et dont la contribution aurait pu être profitable. On voit l'intérêt de poursuivre cette recherche, d'entreprendre une analyse plus approfondie, notamment des dessins, alors que le concours d'un test projectif nous conduirait à mieux cerner la structure psychologique de Louis, et par suite, les choix et les mobilisations qu'elle génère. Un travail sur La Montagne Verte, effectué en plusieurs séances, au moyen d'entretiens moins ciblés sur le déroulement du récit et sous-tendu d'un projet mieux défini convierait plus probablement l'enfant à ressentir davantage les éléments constitutifs de la scène fantasmatique du conte. Réserver un temps pour la parole, afin que dans cet espace, puisse se jouer de façon plus ouverte cette fois, et sur le registre imaginaire, et sur le symbolique, l'histoire, la réalité de Louis. Ce conte comme d'un récit qui vient dramatiser l'éprouvé, mais qui, par un marquage de sens nous permet d'élaborer de nouvelles perspectives, de nouveaux dénouements. A travers une rencontre, à travers un échange aux contours de mystère, de contrées merveilleuses et de démons malins, tourmentés par des fées, malmenés par des hommes à moitié. Une mise en scène donc, qui vient dire en d'autres termes, le fantasme, la castration, le manque, le langage, la dette, l'héritage, ponctuant et articulant en un modèle archaïque, et sur le mode du plaisir, ce qui de l'inconnu ne peut se dire véritablement. Ainsi le conte nous entraîne t'il vers le champ de la psychanalyse, pour lequel sa contribution n'est pas en reste. De par ses multiples dimensions scèniques, il nous incite à considérer sa place au décours de l'évolution psychique de l'individu, dans le quotidien, mais également au sein d'une pratique clinique qu'il serait à même de réfléchir. En prise avec les fantasmes sous-tendus des objets supposés perdus, le conte vient traduire, qu'il est une métaphore, qui participerait de l'élaboration du désir. |